Parklife – # Antoinette

ANTOINETTE

Traduction approximative : La devise d’Antoinette avait toujours été « Plus grande est la tristesse, plus haute sera la coiffure. Elle n’avait jamais porté ses cheveux aussi haut.

Antoinette m’est apparue pendant l’exposition Louis Stettner au Centre Pompidou, devant la photo Women From Texas. Il y avait bien des photos superbes dans cette expo, alors pourquoi celle-là ? Peut-être parce qu’inexplicablement, cette dame m’a fait penser à ma mémé Antoinette, tout comme celle-ci me fait inexplicablement penser à ma mamie.

Bon, je vous laisse, je vais manger mes courgettes. J’espère que vous passez un été doux comme un pied fraîchement pédicuré, frais comme un sorbet à la pastèque, entouré d’amour comme la garniture d’une calzone toute chaude. Hashtag « comparaisons estivales », hashtag « sieste ».

Parklife – # Horacio

HORACIO

Traduction approximative : Les gens voyaient généralement Horacio comme un homme qui avait gâché son potentiel. Il préférait penser qu’il ne l’avait jamais vraiment utilisé.

Ceci n’est bien sûr pas du tout tiré de ma propre vie, ha ha !

Plus sérieusement, Horacio est inspiré par un monsieur que j’ai aperçu depuis le train qui me ramenait d’une visite d’appart infructueuse, par un jour gris de printemps. Il portait une étrange tunique en coton rigide au col brodé de fleurs et une ceinture-porte-clés en tissu synthétique. J’avais le vertige à l’idée d’avoir mis fin à 10 ans de couple et je me suis dit « C’est pas con, la ceinture porte-clés, mais d’un autre côté, si on y réfléchit, ça doit pas être si pratique que ça. Surtout quand tu cours. Mais en même temps, avec un peu d’ingéniosité on peut y accrocher un sandwich ou un très petit chien dans un sac de voyage. Un très très très petit chien… »

Non, c’est faux, j’ai pas du tout pensé ça à ce moment-là. Mais maintenant, si.

Mémo : déposer le brevet d’une ceinture-porte-bébé-chien en synthétique, et devenir riche ou mourir en essayant*.

* Non je déconne, je veux pas mourir, oh là ! Même pour une ceinture porte-bébé-chien.

Je vous laisse avec Dinner, j’aime bien, j’écoute ça en ce moment dans le métro :

BONUS

Parklife – # Odette

ODETTE

Traduction approximative : Odette adorait les frites. Les frites étaient pas chères, les frites étaient chaudes, les frites étaient réconfortantes… Et surtout, contrairement aux gens, les frites ne l’avaient jamais, jamais laissée tomber.

On dit souvent « L’humour est la politesse du désespoir », mais je dirais plutôt les frites. Ce dessin est inspiré d’une dame vue à la friterie de la Citadelle à Lille dimanche dernier. Elle portait deux écharpes, une robe à fleurs, des sandales vertes, des chaussettes roses, et était accompagnée d’un cache-oreilles noir moumouteux. Elle dégustait ses frites avec une concentration et un oubli du monde complets, et après un coup d’œil alentours, je me rendis compte que nous paraissions être les deux seules consommatrices à nous perdre avec autant de joie dans notre barquette.

« Sœur ! Je te comprends. Mangeons, mangeons, mangeons ! Après les frites, le déluge. », me suis-je dit. Et de repartir avec une nouvelle âme volée dans mon cabinet de curiosités.

Avec ça, je vous mets Crying in the Rain version A-ha parce que a) J’étais fan quand j’étais ado – spéciale dédicace à Caroline C. b) On entend la pluie c) Un champ genre mid-west ! Une meuf qui fait la gueule ! Morten Harket qui chante adossé à un poteau électrique ! Un parapluie cassé abandonné en gros plan ! Des gens qui courent ! Ce clip peut-il être plus d’époque que ça ? I don’t think so, Santiago.

Parklife – # Reseda

RESEDA

Traduction approximative : « Reseda croyait fermement au pouvoir de guérison de l’activité physique. Mais parfois, elle avait l’impression que tous les cours de vélo en salle ne suffiraient pas à éliminer sa tristesse. »

Bonsoir les petits n’enfants ! Alors, vous êtes contents, y fait beau dehors ? J’espère que vous célébrez le retour des beaux jours avec une bonne bière et de la bonne compagnie. Qu’ai-je à dire à propos de ce post, si ce n’est que moi aussi, j’ai recours à l’activité physique pour égaliser mon humeur très « Up and Down » (« Lofteurs, Up & Down, Lofteurs, look around », on sait)…

Reseda s’appelle « Reseda » parce que j’ai lu dans « Le miasme et la jonquille » qu’au 19ème siècle, le réséda était l’une de fleurs odorantes les plus en vogue des jardins, alors qu’aujourd’hui… Non. Je suis curieuse d’aller en renifler, car je n’en ai aucune représentation olfactive – ni visuelle, d’ailleurs. Quel étrange sentiment que de ne même pas pouvoir se figurer un élément visiblement marquant d’une culture. Ça me fiche le même vertige que quand je découvre des termes d’une langue étrangère faisant référence à un découpage de la réalité qui m’est inconnu. Comme quand j’ai appris le mot « spleen » au collège, ou le mot « Unheimlich » en allemand.

VERTIGO ALERT! VERTIGO ALERT! Dans 5 minutes je tombe dans un vortex de questions sans fin comme « À partir de quand l’être humain a-t-il commencé à se moucher ? ».

Sur ce, je vais boire ma bière. Je vous laisse avec un titre qui ma foi, s’accorde bien avec la dilatation des pores par l’effort et la pratique du squat artisanal, autrement dit « Danser chez soi tout-e seul-e dans le noir comme si demain n’existait pas » :

Parklife – # Don

Vendredi, je suis allée voir l’expo Tiki Pop au Quai Branly. On y découvre comment une partie des États-Unis a fabriqué une échappatoire à ses carcans, un rêve en toc aux reliefs sexistes et caricaturaux polis par les clapotis du Pacifique, les ondulations des Hula Girls et les accords de Ukulélé. L’expo retrace les origines de cette vision fantasmée de la Polynésie et comment elle s’est cristallisée dans les années 60 autour du Tiki, authentique représentation de demi-dieu qui a fini par devenir un véritable « Dieu américain des loisirs », un symbole utilisé à toutes les sauces – de l’architecture intérieure à l’architecture tout court, et des mugs aux étuis à cigarette.

L’expo est très bien fichue. Non seulement on y apprend beaucoup de choses, mais en plus c’est fait avec humour, l’ambiance sonore est soignée, et on s’offre quand même un double voyage : voyage dans les states du siècle passé, et voyage dans l’ailleurs que les trentenaires et quadra moyens de l’époque s’étaient choisi. En sortant, j’ai eu envie de dessiner ceci :

DON

Tout en écoutant de la musique de circonstance :