Timbre à validité permanente

Quand je m’arrête sur une carte postale ou un bijou ancien dans une brocante et qu’une émotion soudaine me pousse à l’emmener chez moi comme on adopte un animal abandonné, je me dis que je suis folle de vouloir sauver les souvenirs des autres, alors que les miens se font déjà la malle si facilement. « Tu vas devenir comme ces petites vieilles qui vivent avec 26 chats et leurs cacas. », je me dis. Puis je repense aux dernières phrases de L’oubli que nous serons, d’Héctor Abad, un roman dont je garde encore aujourd’hui l’empreinte émotionnelle :

Timbre

Fuck you thunder, you can kiss my ass

Je me rappelle quand j’ai découvert cette chanson, dans cette scène de La famille Tenenbaum où Richie s’offre une tentative de suicide en plus d’un rasage gratis. J’ai pleuré d’un coup, en plosives-étouffées, comme quand on s’attend pas du tout à ce que l’émotion jaillisse avec une telle force et qu’on en a un peu honte. Comme Carrie Mathison dans n’importe quel épisode de Homeland, en gros. Dans le même temps, je me rappelle avoir pensé que ce choix de musique pour cette scène n’était pas vraiment loyal et j’ai été un peu en colère contre Wes Anderson. Ensuite j’ai découvert Elliott Smith. Ensuite j’ai vieilli et je me suis dit que j’avais plus envie d’écouter des chanteurs suicidés – à part Nick Drake, parce que ses chansons sont plus une invitation à aimer la vie dans tous ses petits émerveillements qu’une déclaration de décès anticipée. Ensuite je me suis levée ce matin, j’ai eu envie de mettre des grosses bagouses à nouveau et j’ai osé réécouter Needle in The Hay. Et en fait, ça va. Ça va de mieux en mieux. Je crois que je peux commencer à le redire sans essayer de me convaincre moi-même. PS : ceci n’est pas le premier d’une longue série de posts EMO, je tiens à le signaler.

In an Epic State of Mind

Hou Hou ha. Je suis heureuse de commencer la semaine par un jeu de mot que personne ne va comprendre, même après lecture de ce post. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup : ceci est le premier dessin de l’année authentiquement réalisé sur le balcon au soleil, parmi les premiers élans pointillistes des bourgeons révélant leurs tendres feuilles (cette métaphore vous est proposée par l’Union Française des Peintres Amateurs Naturalistes). Même que dimanche, en allant courir, j’ai vu des violettes sur le bord du chemin. DES VIOLETTES ! Nous sommes sauvés. Va, obscurité hivernale, de mon espadrille conquérante, je te chasse ! Et la boucle est bouclée, puisque :

Spéciale dédicace à J., B. et A. qui se reconnaîtront à cette vidéo :