Risque-tout de la botanistique

Dire que j’ai grandi à la campagne… /soupir/

L’année dernière ou d’avant, je sais plus, j’ai voulu m’assurer que la sauge qui avait poussé sur le balcon en était bien, donc je suis allée dans une pharmacie avec le machin et la réponse à été  : « Oh ben on dirait, oui, faut voir, vous avez essayé l’application qui reconnaît les plantes, là ? »

J’ai pensé : « Ben… Ouais merci mais moi je croyais que les pharmacies c’était dans leurs compétences de confirmer, pourquoi que vous avez des vieux pots d’apothicaires comme déco alors, c’est confusionnant quand même ; la prochaine fois j’irai demander conseil chez Jardiland !!! »

Mais j’ai juste dit « Euh OK merci madame ! » et je suis partie, parce que je suis faible, et j’ai jamais mangé la sauge, qui a crevé de canicule cet été. Voilà ma petite histoire triste…

À ma décharge, j’ai toujours en tête l’épisode où mon père a décidé de cuisiner en omelette une plante sauvage qui ressemblait à un truc qu’il avait vu dans une émission d’Arte, tout ça pour finir aux urgences avec les pupilles comme des soucoupes – ou alors c’était un AVC. Allez savoir.
Depuis, quand il me dit, « J’ai fait de la bonne soupe verte », je lui demande la liste de tout ce qu’il a mis dedans au cas où y aurait pas que des orties et de la mâche, m’voyez ? Miam Miam la bonne soussoupe à la cigüe à son papaaaa !!

Les ciseaux d’or

Je vous ai dit que quand j’étais petite, je voulais être coiffeuse ? Bon, parmi une foule d’autres métiers aussi divers que « comédienne », joueuse de tennis professionnelle, « instit », illustratrice, archéologue, et j’en passe.

Oui, je crois que je l’ai déjà dit, je me répète. Estelle, tu te répètes. Bon, je vous rassure, j’ai pas tenté de me couper les cheveux moi-même, j’ai fini par aller me faire couper les cheveux dans un salon de coiffure.

Il était temps, car j’aurais pu fabriquer des éponges à vaisselle grattantes avec mes pointes abîmées. AH SUPER !!! UNE IDÉE DE DIY !!! DES TAWASHIS EN CHEVEUX !!! MERDE J’AURAIS DÛ DEMANDER À LA COIFFEUSE DE ME METTRE DE CÔTÉ LES TOUFFES TOMBÉES PAR TERRE !!!!

Promesse

La fin de l’année a été – l’année a été – ces deux années ont été – oh bon. Je sais plus trop où on en est. En tout cas, un perpétuel shaker d’émotions contradictoires. J’étais donc très fatiguée, ces dernières semaines. Mais là, je vais mieux (« Je vais mieux », dit-elle, tout en arrachant méthodiquement les bouloches de son gilet pour en former des tas en forme de brioches. Des brioches de bouloches).

Et / mais (je ne sais pas quel mot de liaison utiliser), j’ai pris conscience de quelque chose de perturbant il y a peu. J’ai regardé en face le fait que ce que j’appelais « anxiété » était plus que ça ; que c’était aux yeux de certaines institutions un handicap et que moi aussi, je pouvais le considérer comme tel.

De l’extérieur, ça peut paraître anodin. Mais je crois que c’est la première fois que je regarde dans le rétro en prenant en compte ce paramètre. Une partie de moi se dit que j’ai accompli et vécu beaucoup de choses, avec cette déperdition de force et cette fréquence parasite qui brouille mon cerveau en permanence, et que ce n’est pas rien. Je me rends compte à quel point j’ai fonctionné « en dépit de » et en « faisant avec » ; en moulinant des bras comme un petit jouet de bain. Entre ça et d’autres choses, je me suis tellement sur-adaptée et étirée, que je ne me rendais plus compte quelle énergie ça me coûtait. Et à un moment, je me suis sentie fatiguée. Récemment, plus fatiguée que jamais. Sans doute le poids des événements de l’année et du contexte général, mais plus fatiguée que jamais, ça oui. Et pourtant de l’énergie, de l’envie, j’en ai un paquet. À plusieurs reprises dans ma vie, j’ai même cru que j’allais en imploser.

Une partie de moi est triste de penser à tout ce que j’aurais pu faire ou vivre « sans » ce que j’ai, et trouve injustes certains adjectifs qu’on me prêtait ou que je me donnais moi-même.

Je ne sais pas trop bien comment formuler les choses. Je me dis que j’ai de la chance d’avoir pu rencontrer sur mon chemin des gens, des idées, des œuvres qui m’ont aidée. Je me dis qu’il y en a d’autres encore, plein. Cette pensée me réchauffe.