Sous la pluie, je fixe la vitrine de cette boutique entièrement consacrée aux terrariums. Je ne sais plus ce qui est dit sur le petit carton de présentation. Une histoire de mini-univers ou de mondes miniatures, peut-être.
Mes neveux, qui marchent devant moi, se demandent ce que je fais, pourquoi leur tata bloque devant ces parcelles de plantes sous des capuches en verre.
Je me sens mal à l’aise. Je repense à ces terrariums en métal cuivré si esthétiques, leurs cactées transpirant au sous-sol du Monoprix d’Asnières entre les bidons d’allume-feu liquide et les lots de chips.
Notre engouement pour les terrariums, les motifs végétaux, les housses de couette ornées de luxuriantes feuilles de bananiers, les sérigraphies botaniques… Toutes ces représentations de représentations de représentations de la nature qui semblent menacer de remplacer la substance de leur modèle par un lent processus de plastination.
Les terrariums, ces parfaits petits mondes avec tellement juste ce qu’il faut de vivant qu’ils ne paraissent plus vivants du tout. J’ai lu que leur fonction première était de préserver des espèces enlevées à leur écosystème naturel, pour les observer et les cultiver ailleurs. Nous adorons les terrariums, pendant que nous nous révélons incapables d’empêcher la destruction du nôtre.