Il y a quelques temps, j’ai acheté un tout petit livre compilant des citations d’Hokusai. Presque en son milieu, face à des estampes tirées de ses « Trente-six vues du Mont Fuji », il y a un texte qui m’emplit tellement de joie que j’en pleure quand je le lis (Éric, toi-même tu sais). Il est trop beau pour ne pas être partagé :
« Depuis l’âge de six ans, j’ai la manie de dessiner la forme des objets. Vers l’âge de cinquante ans, j’avais publié une infinité de dessins, mais tout ce que j’ai produit avant l’âge de soixante-dix ans ne vaut pas la peine d’être compté. C’est à l’âge de soixante-treize ans que j’ai compris à peu près la structure de la nature vraie, des animaux, des herbes, des arbres, des oiseaux, des poissons et des insectes.
Par conséquent, à l’âge de quatre-vingts ans, j’aurai fait encore plus de progrès ; à quatre-vingt-dix-ans, je pénétrerai le mystère des choses ; à cent ans je serai décidément parvenu à un degré de merveille et quand j’aurai cent dix ans, chez moi, soit un point, soit une ligne, tout sera vivant.
Je demande à ceux qui vivront autant que moi de voir si je tiens parole.
Écrit à l’âge de soixante-quinze ans par moi, autrefois Hokusai, aujourd’hui Gakyôrôjin, le vieillard fou de dessin. »
PS : si vous aimez tomber d’étourdissement, en ce moment, il y a une exposition d’estampes d’Hokusai, Hiroshige, Hasui Kawase et plein d’autres au musée Guimet.
PS 2 : le petit livre s’appelle « Hokusai », dans la collection Paroles d’artiste, éditions Fage.